Workshop au congrès de l’AILC (Association
Internationale de Littérature Comparée)
à Dongguk University, Séoul (Corée du Sud)
du 28 juillet au 1er août 2025
Charlotte KRAUSS, Professeure de littérature comparée à l’Université de Poitiers
(France)
Françoise LAVOCAT, Professeure de littérature comparée à l’Université Sorbonne nouvelle
(France)
charlotte.krauss@univ-poitiers.fr et francoise.lavocat@sorbonne-nouvelle.fr
Peur, mépris, haine,
hostilité plus ou moins explicite : les sentiments négatifs à l’égard de
la fiction se sont souvent exprimés dans l’histoire de la pensée, notamment en
Occident. Les motivations de cette méfiance sont diverses : politiques,
religieuses, morales, esthétiques…. Elles se reflètent dans des listes d’œuvres
mises à l’index, dans des traités critiques, dans la création d’organismes
veillant au respect des bonnes mœurs ou à la protection des mineurs, mais aussi
dans des œuvres fictionnelles qui thématisent cette hostilité de manière
inquiète, humoristique ou parodique. Si beaucoup a déjà été dit sur Don
Quichotte ou Emma Bovary succombant à l’influence de romans d’un genre
spécifique considéré comme néfaste, l’objectif de ce workshop est plus général.
Il s’agit d’observer l’hostilité générée par la fiction en tant que monde
habité de personnages imaginaires, dans différentes aires culturelles et
différents médiums : l’apparition d’un nouveau medium, en effet, réactive
la peur de l’immersion fictionnelle qui pourrait happer le lecteur. La fiction
est accusée de ne pas dire la vérité, de détourner le public d’occupations
sérieuses, si ce n’est de pervertir les esprits et d’inspirer des comportements
déviants. L’expression d’une l’hostilité envers la fiction s’accompagne en
outre souvent d’une préférence marquée pour les faits historiques, l’écriture
documentaire ou le récit factuel.
Mais la peur de la fiction
a-t-elle toujours été exprimée de la même façon, avec les mêmes arguments, les
mêmes images ? Quels sont les contextes et les écoles de pensée qui
favorisent la méfiance envers des productions de l’imaginaire ? L’hostilité
à l’égard de la fiction est-elle un invariant anthropologique, ou est-elle
conjoncturelle, ressurgissant périodiquement à la faveur de régimes
autoritaires, de ferveur politique exclusive, de fanatismes religieux, au
moment de l’invention de nouveaux médias ou encore, sous la domination de
poétiques formalistes ?
L’objet de ce workshop est
d’apporter des éléments de réponse à ces questions, en privilégiant des
éclairages comparatistes et diachroniques, et en prenant pour objet d’étude
soit des ouvrages critiques et philosophiques, soit des œuvres littéraires ou artistiques
qui illustrent cette hostilité (qu’elles l’expriment ou la dénoncent ou
qu’elles en aient été la cible). Les contributions évoquant des aires
culturelles non européennes sont particulièrement bienvenues. Les
communications pourront faire appel à l’analyse littéraire, l’analyse du
discours, que l’histoire des idées, la traduction et les sciences cognitives.
Les angles d’approches, de
façon non exhaustive, pourraient être les suivantes :
- L’analyse des périodes et des contextes qui
favorisent l’expression d’une hostilité à la fiction.
- Les modes d’expression de l’hostilité à la fiction,
dans des œuvres fictionnelles ou non : arguments, réseaux d’images, modes
narratifs.
- L’attaque dirigée contre certains médias (selon les
époques, la littérature, le théâtre, le cinéma, la bande dessinée, la
télévision, les jeux vidéo), en tant qu’ils sont censés, notamment, favoriser
une immersion fictionnelle jugée néfaste ou incontrôlable.
- L’association de l’immersion fictionnelle avec une
forme de bêtise, éventuellement associée à l’enfance, à la féminité, au peuple.
- Le lieu commun de la fatigue, voire de
l’exaspération à l’égard des stéréotypes supposés de la fiction.
- On pourra également s’interroger sur la
dévalorisation implicite que recouvrent certaines catégories littéraires, comme
« l’escapisme », l’opposition anglo-saxonne entre « novel »
et « romance », ou encore la « distanciation » brechtienne.
Des concepts critiques de ce type existent-ils dans d’autres langues ou
d’autres cultures ?
- Que recouvre la traduction du mot
« fiction » dans d’autres langues ? Certains mots qui la
désignent ne recouvrent-ils pas une dévalorisation implicite (avec des
idéogrammes signifiant le vide, par exemple ?)
- Comment les lois (à différentes époques et dans
différents environnements culturels) attaquent ou défendent-elles la fiction ?
Si vous souhaitez demander des informations, écrivez
aux organisatrices du workshop :
Charlotte KRAUSS et Françoise LAVOCAT
charlotte.krauss@univ-poitiers.fr et francoise.lavocat@sorbonne-nouvelle.fr
Merci de soumettre votre
proposition de communication (en français ou en anglais) directement sur le
site du congrès, ici :
Choisissez (1) la rubrique « Individual Sessions », puis (2)
la rubrique « Accepted Open
Group Individual Session Proposals », puis (3) le workshop « Who is
afraid of fiction ? »
La date limite de soumission est le 7 janvier 2025. Les notifications d’acceptation seront envoyées le 31 janvier 2025.